• Présidentielle 2022 : la gauche républicaine et les gaullistes ne peuvent soutenir Emmanuel Macron

    Je sors de mon sommeil pour aborder avec vous mon point de vue sur la présidentielle. Emmanuel Macron semble sur un nuage, attirant des opportunistes de tout bord. On voit des gens de droite le soutenir (pas forcément une surprise) mais aussi des partisans censés se situer au sein de la gauche dite républicaine. Parmi eux, Jean-Pierre Chevènement, pourtant rival éternel des idées portées par… le macronisme.

     

    Source : gouvenement.fr, reprise de Wikipedia

    Contrairement à 2017, je ne vais pas promouvoir une candidature pour 2022 par rapport à une autre. D’une part, parce que la campagne est d’un niveau trop bas. D’autre part, parce que chaque candidat a ses propres contradictions, parfois béantes, évoluant dans celles-ci au fil d’une opportunité politique. Evidemment, vous me direz que Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière) reste fidèle à ses idées. Mais sa radicalité ne me correspond pas. Bref, mon vote ne sera pas une adhésion franche pour un candidat ou un parti.

    Après ce propos liminaire, je voulais aborder avec vous les ralliement successifs à Emmanuel Macron auréolé d’une image plus que positive dans le paysage médiatique, vu comme un chef de guerre, le garant d’un système. On rabâche des sondages, chaque jour de plus en plus flatteur pour le président.

    Qu’incarne Emmanuel Macron ?

    Le monde médiatique élude le bilan du locataire de l’Elysée : aux oubliettes la casse sociale, l’Affaire Benalla, sa responsabilité - depuis qu’il est conseiller de François Hollande sous le précédent quinquennat - dans la mise en œuvre d’une politique économique en faveur des plus riches, en défaveur des plus faibles et de la classe moyenne. Aux oubliettes, sa responsabilité criante dans la désindustrialisation de la France, de la vente de nos fleurons au privé, dans la politique énergétique qui a poursuivi l’affaiblissement de notre industrie nucléaire (la France a perdu du temps dans la recherche et développement dans un secteur crucial pour l’avenir des Français). Le fait qu’il ait à peine retourné sa veste sur le dossier énergétique a balayé ce bilan peu reluisant. Aux oubliettes, le fait qu’il a une responsabilité dans la crise du pouvoir d’achat et l’enlisement de la crise des Gilets jaunes. Aux oubliettes, ses faux grands débats qui servaient davantage à une propagande de communication (Le Grand débat national, la convention « citoyenne » pour le climat, etc.). Aux oubliettes, ses attaques contre le modèle social et la République indivisible. Aux oubliettes, sa réforme de différenciation territoriale où un département, un territoire ou une collectivité, peut se désolidariser de son entité originale pour s’octroyer des compétences (la collectivité européenne d’Alsace en est le triste exemple). Et le gouvernement envisage désormais d‘accorder l’autonomie de la Corse (Jean-Pierre Chevènement avait démissionné pour moins que ça sous le gouvernement Jospin, on y reviendra). Emmanuel Macron a également joué sur des en même temps, cherchant des niches communautaristes, comme lorsqu’il s’est attaqué aux mâles blancs qui iraient faire des rapports sur les banlieues. Emmanuel Macron avait pour modèle Justin Trudeau, chef du gouvernement canadien, connu pour ses positions multiculturalistes, frôlant le racialisme. A l’envers des idées de la République en somme. Rien d’étonnant, puisqu’Emmanuel Macron est le défenseur de la start-up nation, voyant dans chaque individu, non pas un citoyen membre d’une seule communauté citoyenne, mais un membre d’une France morcelée de 68 millions de particules.

    Emmanuel Macron a été l’exemple d’une France divisée, où ceux d’en haut pouvaient mépriser ceux d’en bas - cette France « des gens qui ne sont rien » selon les termes du président lui-même. Dans le logiciel macroniste, ces « gaulois réfractaires » profiteraient globalement du RSA, des allocations chômages, des 35 heures,… Je caricature à peine. Que des gens de droite anti-gaullistes soutiennent Emmanuel Macron, rien de plus normal donc.

     

    Des ralliements surprenants pour le candidat de la mondialisation heureuse

     

    Malgré cela, Jean-Pierre Chevènement, figure de la hauteur politique et d’une certaine droiture à défendre l’industrialisation de la France - périphérique notamment - le modèle social, le souverainisme… Le voilà qu’il défend Emmanuel Macron, l’incarnation même de la mondialisation marchande, du monde des affaires, d’une France diluée dans une Union européenne technocratique… La guerre en Ukraine et la petite volte-face du président sur Alstom (dont il est lui-même l’un des responsables de son massacre industriel et de sa vente aux Américains) et le nucléaire, ont suffi au Che pour qu’Emmanuel Macron soit vu comme le candidat idéal.

    Vous l’aurez compris, si Jean-Pierre Chevènement rejoint Emmanuel Macron, il ne s’agit pas d’un ralliement par convictions. Il y a autre chose. Une relation amicale qu’il noue avec le marcheur depuis des années. Déjà en 2017 avant la présidentielle, Jean-Pierre Chevènement était gêné aux entournures. Il ne pouvait soutenir clairement Emmanuel Macron, estimant que Jean-Luc Mélenchon (aux antipodes des valeurs du macronisme) était peut-être le plus proche de ses idées mais refusant d’attaquer clairement celui qui était alors un ministre au cœur du quinquennat de François Hollande.

    On apprend également que le Printemps républicain, mouvement censé défendre les valeurs républicaines (la République sociale, laïque et indivisible), serait proche de soutenir Emmanuel Macron. Là aussi, belle curiosité. En fait, il y a derrière tout cela des places (électorales notamment) qui entrent visiblement en jeu. Pour des postes, les convictions passent derrière.

     

    Qui pour 2022 ?

     

    Alors après tout cela, quel serait le meilleur candidat pour représenter la République sociale, laïque et indivisible ? Impossible pour moi de guider franchement sur la question. Jean-Luc Mélenchon ? Je n’oublie pas qu’il a tourné le dos à la campagne de 2017, privilégiant l’union de la gauche, orientant des discours vers le multiculturalisme et racialisant parfois la question sociale. Sa vision écolo-bobo est aussi, à mon sens, une menace pour le pouvoir d’achat et la souveraineté énergétique de la France. Fabien Roussel ? Il a certes pris le contre-pied des nouvelles orientations de Jean-Luc Mélenchon. Néanmoins, le communiste a un passé politique très ambigu sur ces mêmes idées. Anne Hidalgo ? Une socialiste qui représente la France des métropoles, avec un électorat la rapprochant d’Emmanuel Macron. On la voit bien assumer le quinquennat désastreux de François Hollande dont – je le rappelle une nouvelle fois – Emmanuel Macron a été l’un des artisans. A droite, il n’y a pas grand chose à espérer pour ma part. Ne parlons même pas de Valérie Pécresse, qui est la copie d’Emmanuel Macron. Eric Zemmour ? Sa radicalité et son côté identitaire me bloquent. Son discours sur le Pétainisme ne peut également plaire à un gaulliste. Marine Le Pen ? Elle est quasiment devenue une modérée dans cette campagne. Mais je doute de son programme qui, d’après moi, ne cassera pas la dynamique de l’accroissement des inégalités.


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