• Laïcité, question sociale, communautarisation, le MRC doit se séparer de la "gauche sociétale"

    Contribution présentée lors du congrès du MRC le 1er et 2 décembre 2018, en soutien de la motion 2, signée par Christian Hutin (député MRC du Nord) et Claude Nicolet.

     

    Laïcité, question sociale, communautarisation, le MRC doit se séparer de la "gauche sociétale"

    Depuis les années 80, le Parti socialiste a entraîné et éloigné le reste de la gauche sur des modes de

    pensées qui se sont écartés de l'idéal républicain : la République indivisible. Cette gauche s'est

    détournée de la question sociale, préférant la question sociétale. Pour exister, le MRC doit avoir du

    courage !

     

    Le vote des classes populaires étant inatteignable pour le PS, celui-ci privilégie le vote de communautés. Ce constat n'est pas caricatural, il est directement issue de la logique Terra Nova, ce think tank qui guide le Parti Socialiste depuis de nombreuses années. En réalité, la logique Terra Nova (rendue publique en 2011) a été appliquée progressivement depuis les années 80 et l'émergence d'un certain nombre d'associations antiracistes ou de défense des droits individuels. Le MRC, comme le Parti communiste et les alliés satellites du PS, a suivi le mouvement. Certes, le discours  de Jean-Pierre Chevènement et des principaux cadres du MRC ont régulièrement attaqué cette vision sociétale. Sauf que pour des intérêts électoralistes, le MRC a finalement accompagné (hormis en 2002 et 2005) les programmes politiques sociétaux des socialistes.  A force de flatter les postes électoraux, les stratégies du MRC ont entraîné ce petit parti à sa mort. Et ce, malgré les nombreux avertissements qui ont été envoyé à la direction (envoi de mails, critiques au Secrétariat national et aux Conseils nationaux, défection des militants, perte d'adhérents, etc.).

    Le soutien à Benoit Hamon, la consécration du rapprochement du MRC avec la gauche sociétale

    Nul doute, le MRC a souffert de sa stratégie opaque et humiliante à se présenter à une primaire socialiste qui ne la concernait pas. L'alliance finale avec Benoît Hamon, pour la présidentielle 2017, a été le coup de canif de trop pour le logiciel MRC. Comment le MRC - censé défendre la laïcité, la République une et indivisible - a pu se fourvoyer en soutenant un candidat qui ne défendait pas un iota du logiciel chevènementiste  - ni d'ailleurs sur le programme de politique énergétique, la VIe République, l'Europe, etc.

    Ces idées que doit refuser le MRC pour être "vivant"

    Terra nova a simplement couché par écrit l'évolution de cette gauche accommodante qui va du PS à la ligne Clémentine Autain/Danièle Obono au sein de La France insoumise. A degré divers, toutes ces gauches ont renoncé à un certain idéal républicain présenté par l'article 1 de la Constitution française : "La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion."

    Une gauche qui se dit "progressiste" en s'attirant l'amitié de groupuscules et associations qui ont force d'influence pour leurs communautés. Quand elle parvient au pouvoir, au niveau national ou local, cette gauche tente clairement d'acheter la paix sociale en refusant de penser et de considérer les enjeux des "migrations", des "communautarisations", de la "laïcité". C'est ainsi que des personnalités et des organisations antiracistes mais racialistes ont pu être promu et avoir l'oreille des gouvernants. Ceux-ci pensent avant tout les enjeux sociaux comme découlant d'un problème d'un racisme d'Etat ou par le biais de revendications raciales, ethniques ou religieuses. Par exemple, certaines de ces entités défendent le droit de porter le voile intégral au nom de la liberté ou interdisent toute critique de l'Islam (la critique des autres religions est en revanche permise) sous peine d'être affublé de l'étiquette, "islamophobe".

    Des leaders d'opinions qui vantent une société multiculturelle, ciblent la laïcité, trouvent des excuses au terrorisme islamique  - en les cherchant dans l'histoire sociale de tel ou tel terroriste. Ils invoquent par exemple le fameux "oui mais" ( exemple : oui nous ne cautionnons pas les attaques contre Charlie Hebdo mais le journal l'a finalement bien cherché). Ce modèle-là est celui prôné dans les pays anglosaxons comme le Canada, la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis. Les pays anglosaxons sont pourtant  loin d'être des modèles et font aussi face à une vague de violences raciales et communautaires, avec une inégalité sociale supérieure à la France. Malgré tout, ces penseurs trouvent un relai politique avec cette gauche-là.

    En 2017, contrairement à Benoît Hamon, Jean-Luc Mélenchon s'est séparé de cette possible opportunité électorale en vantant "la nation" et la République indivisible. Cette approche est la bonne.

    Si  cette contribution cible Benoît Hamon, c'est parce qu'il est l'image de cette gauche qui s'accommode de coups de canifs contre les principes fondateurs de la République. Cette gauche a stoppé son analyse sur les inégalités sociales pour satisfaire électoralement des minorités fortes. La Laïcité, pour cette gauche, devrait être ainsi apaisée ou ouverte. Benoît Hamon prônait par exemple le 26 août 2016, le modèle canadien avec ses "accommodements raisonnables".

    Après trois années de perdues, Le MRC doit retrouver son socle républicain

    Contrairement à la gauche qui renonce, le MRC ne doit pas avoir peur. A-t-il peur d'être traité de raciste, d'être islamophobe, d'être laïcard, de ne plus être en odeur de sainteté avec la gauche molle ? Le MRC doit au contraire être incisif. Oui, en France, on doit affirmer haut et fort que telle ou telle religion vit des heures sombres, prise en étau par des courants et des idéologues qui lui imposent des dogmes antirépublicains. Pour le cas de l'Islam, la pression est telle, que certains musulmans, parfaitement intégrés et critiques vis-à-vis des communautaristes, doivent se justifier et faire face aux insultes des zélateurs ou des soldats de la société multiculturelle (collabeurs, bounty, traîtres, etc.). Ils reçoivent peu de soutien, y compris intellectuel.

    En ce sens, comment le MRC peut-il se positionner ? Le MRC doit oser dénoncer et proposer, quitte à se froisser avec une partie de la gauche sur ces sujets.

     Le débat du burkini est symbolique de la crispation de notre société sur les questions religieuses. Au nom de la liberté, le politique n'a pas à interdire le port de tel ou tel habit sur une plage, sauf s'il est une menace pour l'ordre public. Le politique peut en revanche s'inquiéter de cette mise en scène extrémiste qui vise à placer l'habit comme un objet politique. La seule réponse est peu satisfaisante sur le court-terme : l'école et l'éducation. Que ce soit l'acceptation du port du voile à l'école contrevenant à la laïcité, l'augmentation de femmes pratiquement voilées intégralement (il suffit de connaître le terrain en banlieue parisienne pour le constater) ou le port du burkini, ces dérives religieuses ont pour origine une société qui ne fait plus sens commun

     

    L'école est la principale réponse à la lutte contre l'obscurantisme

    Seule l'école peut torpiller le matraquage culturel et religieux imposé à certaines familles par le poids de la communauté. Pour cela, l'école doit être rebâtie. L'idée, énoncée dans le programme de Bastien Faudot, de réglementer l'habillement des écoliers fait partie des bonnes pistes. Il faut au maximum rendre chaque futur citoyen comme l'égal de l'autre, sans le contraindre à trop de restrictions.  Ensuite, il faut que l'école apporte un discours ferme où, en son sein, la religion n'a pas à contester l'enseignement de l'histoire ou le fait scientifique.

    Le professeur doit refaire son autorité et transmettre son enseignement. La hiérarchie, au niveau des établissements et au niveau des rectorats, doit donc être revue pour que le professeur puisse être soutenu et non - trop fréquemment - remis en cause si le parent et l'élève contestent la sanction (qu'elle soit administrative ou simplement par la note). L'ère pédagogiste, prônée par une certaine gauche, visait justement à mettre d'égal à égal le professeur et l'élève, quitte à ce que ce dernier puisse contester la vision du professeur . Pis, pour certains adeptes du pédagogisme, le professeur serait parfois inutile et aurait plus à apprendre de l'élève que ce dernier n'aurait à apprendre du professeur. Des professeurs qui , dans certains établissements, ont d'ailleurs pour consigne de ne pas créer de la tension en remettant en cause le discours de l'élève. Pas étonnant, depuis plusieurs années, des professeurs, fraichement titularisés, reçoivent des formations où on leur assomme les discours et théories de l'un des pères spirituels de l'école "pédagogiste", Philippe Meirieu. L'école s'est déconstruite depuis plusieurs dizaines d'années. Pour la reconstruire, il faut totalement inverser les priorités et les objectifs. Cela ne peut que reprendre du temps. L'école doit de fait redevenir le centre névralgique de la République, pour aboutir à la formation d'un futur citoyen éclairé, quel que soit son milieu social. L'Etat doit arrêter de trouver toutes les astuces pour acheter la paix sociale, rendre l'école rentable ou faire de l'élève, au capital social et culturel faible, un employable malléable sans esprit critique. Pour cela, plusieurs pistes peuvent être appliquées :

     

    - Pour assurer l'égalité entre toutes et tous : interdiction des téléphones portables, et objets

    électronique personnels dans l'espace de l'établissement. Interdiction de créer des salles

    aménagées pour les élèves souhaitant ôter leur voile et objets religieux (exemple dans un

    lycée strasbourgeois en Alsace).

    - Il faut redonner du sens au redoublement

    - Obtention du brevet des collèges obligatoire pour l'entrée en lycée

    - Remuscler les enseignements en histoire, français et mathématiques. Par exemple, l'histoire doit être apprise à travers un récit national. Les chapitres doivent être construits avec une logique chronologique où les dates ont un sens.

    - Révision des emplois du temps : suppression des EPI, réduction du nombre d'heures

    technologiques. La technologie ne sera qu'une option, disponible pour les élèves la souhaitant.

    - Evaluation nationale en fin de 6e pour déceler les problèmes individuels de lecture et de

    compréhension. Cela permettra également de cibler les écoles primaires qui ont des

    difficultés avec certains élèves, dans l'apprentissage du français. Cette stratégie aidera les

    écoles, en leur offrant une aide temporaire de personnel(s) (complémentaire du professeur des

    écoles)

     

     

    Avec le retour de la méritocratie, l'Education nationale peut contribuer à l'atténuation des inégalités entre les plus pauvres et les plus riches, chacun pouvant trouver sa place dans la société. L'école doit permettre à ce qu'un enfant pauvre ait ainsi des chances de s'élever socialement et grimper quelques étages de réussite. Evidemment, les dépenses publiques exploseront du fait de l'investissement dans ce programme ambitieux où le nivellement serait tiré vers le haut. Sur le court-terme, l'intérêt électoral sera faible, sur le long-terme, l'intérêt national sera fort. 

     

     


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