• Ils se disent "modernes", se veulent "modernistes." L'équipe autour du 1er ministre Manuel Valls et Emmanuel Macron, au gouvernement, aura réussi son pari : faire basculer le Parti Socialiste à droite. Un projet préparé depuis 2012 qui s'achève avec le projet de réforme du code du travail.

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  • A plus d'un an de l'élection présidentielle de 2017, Jonas propose de devancer les thèmes de campagne. Proposition de quelques orientations brèves et synthétiques pour l'éclosion d'idées nouvelles. Aujourd'hui, samedi 30 janvier 2016 : "Défendre l’Europe des nations."

     

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    Depuis près de trente ans, des courants chevènementistes, républicains et gaullistes se sont efforcés d'avertir les dirigeants de l’orientation dangereuse de l’Union Européenne, de la création d’une monnaie unique. L’Europe actuelle est un leurre, une impasse, qui condamne les nations à se dissoudre dans une utopie libérale. En ce début d'année 2016, le constat est pratiquement unanime au sein de l'ensemble de la classe politique française : l’Union Européenne est une union technocratique, soumise à la puissance des lobbies où seuls les intérêts privés comptent. L'idée fédérale voit là ses failles. Qui peut aujourd'hui dire, avec force, que Schengen, l'Euro et la diplomatie unique de l'UE ne sont pas des échecs ?  (- L'Allemagne a décidé, en 2015, de remettre provisoirement des frontières, cela remettant en cause l'idée même de l'espace Schengen.  - Si la France avait suivi la position de l'UE, au début des années 2000, elle aurait été embarquée et embourbée en Irak après sa lutte contre le régime de Saddam Hussein. - Les problèmes économiques grecs, chypriotes, espagnols, portugais ne sont pas simplement dus à la "passivité" de leur peuple mais à un problème structurel dont l'Euro est partie prenante.)   Les peuples ne peuvent se retrouver dans ce système où les inégalités s’accroissent logiquement. Attachés à la souveraineté de chaque peuple, pouvons-nous concevoir une Europe qui se fait contre leur intérêt ? L’Europe qui marche, c’est celle des coopérations entre chaque nation, celle des projets ambitieux, celle d’Ariane, d’Airbus. L’Europe qui marche, c’est celle d’un projet entre plusieurs pays, à géométrie variable, ne forçant aucun autre à s’impliquer dans une ambition qui ne le concernerait pas. L'Europe qui marche c'est celle qui considère la nation comme le cadre de la démocratie. Enfin, l'Europe qui marche c'est celle qui revoit sa copie sur l'obscurité démocratique de ses instances telles que la commission européenne et la Banque Centrale Européenne. 

    L'Union Européenne a été placée sur une voie qui n'est pas la bonne. Il n'y a pas de honte à revoir la trajectoire. Le courage et la lucidité, c'est de revenir sur la bifurcation pour prendre, enfin, la bonne bretelle. Ne pas poursuivre la route qui mène les pays et les nations dans le mur. Cette vision n'est pas rétrograde, elle est, au contraire, celle du bon sens. Pourquoi, par exemple, ne pas transformer la monnaie unique en monnaie commune où chaque pays pourra avoir des marges de manœuvres selon les spécificités de son économie ? Une idée qui germe... La marche vers la réindustrialisation sera alors possible. 


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  • L'onde de choc du 6 décembre 2015, puis le probable séisme (magnitude 6) du 13 décembre, ne fait pas sourciller le Parti Socialiste. Au pouvoir depuis 2012, prônant l'alternance de la droite sarkozyste, le Parti Socialiste n'a toujours pas tiré les leçons de ses échecs. Peu importe, il reste le parti majoritaire et son statut de monopole à gauche assure une sécurité provisoire pour ses élites. Les Français sont déboussolés et le Parti socialiste se "désocialise."

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    "Tout va bien Madame la marquise"

    L'heure n'est pas à l'autocritique. Après les résultats du 1er tour des élections régionales, les leaders PS critiquent la droite, critiquent le discours FN, critiquent les abstentionnistes, critiquent les autres forces de gauche (las de la politique gouvernementale), critiquent tout le monde... Sauf lui-même. A croire que le PS, n'a aucune responsabilité, par exemple, dans la montée du chômage et donc, des votes. 

    Pourtant, l'histoire joue contre le PS : fait inédit, il risque non seulement de ne gagner que deux régions (sur 13 en métropole) mais il est parvenu, aussi, sous son quinquennat, à faire grimper un FN, qui pourrait obtenir, au minimum, deux régions.

    Tout est dans le paraître

    Les analystes pouvaient donc prévoir un Parti Socialiste en phase de combat, de résistance face à la montée de l'extrême droite. Et bien non... Face à l'adversité, le PS choisit le renoncement. Une décision prise, à Paris, contre l'avis d'une partie des acteurs locaux. Dans trois régions, le PS appelle au désistement de ses listes. Trop distancé pour espérer battre le FN ou même les ex-UMP, au second tour, le PS décide de jouer la carte du "front républicain." Courageux ? Prise de conscience républicaine pour combattre le FN ? En fait, cette tactique tient plus de la lâcheté que d'un certain courage. D'ailleurs, des comités et militants socialistes de province n'ont pas hésité à fustiger la position du secrétariat national et de son chef de file J-C. Cambadélis (voir à ce sujet, par exemple, les tweet du PS Nice-Ouest).

    Les instances nationales espèrent faire passer le PS pour le cheval blanc républicain, en défendant les listes de son parti concurrent historique, la droite libérale, pour combattre le FN. Tentative vaine... En effet, l'écart étant, non seulement, trop conséquent avec le FN à l'issue du 1er tour (plus de 15 points d'avance dans le Nord-Pas-deCalais Picardie, et plus de 16 points en PACA), mais il est aussi ridicule de prévoir une victoire finale par un calcul arithmétique. En effet, les différentes élections ont déjà montré que les listes, se désistant, ne peuvent provoquer un engouement total de ses électeurs vers la liste fusionnée ou soutenue. Au contraire, cette tactique ne fait que renforcer l'argument numéro 1 du FN : le système UMPS (ou LRPS, de l'acronyme des deux deux principaux partis modérés). Celui du blanc bonnet, bonnet blanc. Et comment ne pas comprendre ces électeurs, qui se tournent vers le FN, du fait d'un ras-le-bol généralisé, de promesses non tenues, quel que soit le parti modéré au pouvoir.

    Le PS discrédite ses propres forces

    Egalement, le discours du Premier Ministre, Manuel Valls, le lundi 7 décembre, sur le plateau de TF1, tient de la faute politique. Le chef du gouvernement demandait explicitement, tout comme le secrétaire général du PS, le retrait de la liste PS dans la région Alsace - Champagne-Ardenne - Lorraine, menée par J-P. Masseret. Ce dernier, refusant le diktat de la rue Solférino, souhaitait maintenir sa liste (malgré son retard de 20 point sur la liste FN de Florian Philippot). Inacceptable pour la direction du PS qui considère toute décision, prise à Paris, comme imposée et non discutable. Manuel Valls a, donc, publiquement, et ce, malgré le maintien de Masseret, appelé à voter pour la liste des ex-ump, "Les Républicains", conduite par Philippe Richert. Une position qui brouille, encore et toujours la ligne du PS. Le système "UMPS" dénoncé par le FN n'est que confirmé par cette ligne directrice.

     Ne pas aller au combat est aussi une solution simple. En cas de victoire de la droite modérée sur l'extrême, le PS s'attribuera la victoire morale. En cas de défaite, le PS fustigera la campagne de l'opposant "Républicain." 

    Enfin, comment le PS considère-t-il ses alliés ? Avec le plus profond mépris. Le petit mouvement du MRC s'est retrouvé piéger (une nouvelle fois), un peu naïvement. Des accords conclus sur les listes, avant le premier tour, devait assurer la position de leurs membres, quoi qui'il arrive, selon le résultat électoral. Par exemple, en Ile-de-France, les positions du MRC ont été rétrogadées, entre les deux tours,  au profit des écologistes et des communistes (qui avaient conduit leur propre liste au 1er tour). Sans être candide, ces manigances étaient prévisibles, et ce, bien avant le 1er tour. Déjà en 2010, le Parti Socialiste avait fait le même coup. Et personne ne pouvait penser que Claude Bartolone, en Ile de France, pouvait l'emporter au 1er tour avec la majorité absolue. Dans tous les autres cas réfléchis, cela induisait forcément une fusion et une négociation avec les écologistes et les communistes... Au détriment du MRC.

    Toutes ces manoeuvres ne font que précipiter l'implosion du PS. Comment l'aile gauche du PS, mais aussi les socialistes de convictions - des autres courants - peuvent se reconnaître dans ces entreprises couardes ? Désormais, qui pour relever la gauche de ce marasme ?

    Jonas

     

     

     


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    Cahier noir sur l'Éducation nationale.  Lorsque les "profs" sont dÉlaissÉs...

     

    Entre les nouvelles réformes qui s'imposent à eux, le gel de leur salaire, les critiques sur leur rythme de travail et leur autorité continuellement remise en cause, les "profs" font partie des oubliés de la République.  Synthèse.

     

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    Éduquer pour former un citoyen : l'École comme socle des valeurs républicaines. Cette définition avait un but dans la construction de la République Française. Celle de considérer chaque Français comme un citoyen éclairé, quels que soient sa classe sociale et son sexe. Avec un point de lumière : la méritocratie. Réduire les inégalités entre les plus pauvres et les plus riches, pour que chacun puisse trouver sa place dans la société. Un enfant pauvre avait ainsi des chances de s'élever socialement et grimper quelques étages de réussite. Aujourd'hui, cet ascenseur social ne fonctionne plus ou mal. La faute aux professeurs ? moins compétents qu'à l'époque ? Certains discours argumentent dans ce sens, comme celui de l'ancien ministre de l'éducation, Luc Chatel. Des discours qui manquent de discernement. Il s'agit donc de comprendre les déviances politiques qui ont dégradé l'école et le professeur. Eux, censés éduquer les enfants de la République. Eux qui sont l'objet d'attaques malheureusement insidieuses et perverses. Le professeur, cible d'autant plus facile puisqu'il subit la crise du syndicalisme. L'État républicain attaque celui qui est censé le promouvoir. Paradoxal.

     

    La fumisterie des concours : les profs ne sont pas moins bons...

     

    L'aspirant "prof" a de quoi être découragé ! Point de départ de la résignation : les examens sont devenus d'une exigence, sur la forme et le fond, presque ridicule. Une exigence qui provoque, de fait, une crise de légitimité. Les nouveaux "profs" sont parfois sélectionnés avec des notes en dessous de la moyenne. Une notation qui crée un problème de représentation. De ce constat, nos profs sont-ils vraiment moins bons ? En réalité, pas du tout.

    D'abord, depuis 2010, les "recrues" ne peuvent passer le concours qu'avec l'obtention d'un bac +5 (contre un bac +2 dans les années 80). Certains thésards et doctorants (bac +8 minimum), ne trouvant pas de débouchés dans leur discipline, se rabattent, eux aussi, régulièrement, sur le métier de "prof"... Un peu par défaut. La plupart du temps, ils commencent en tant que remplaçants dans un collège ou un lycée qui les accueille les bras ouverts. Personne ne pouvant douter de leur compétence théorique. Qui plus est, ces vacataires (ou maîtres auxiliaires), coûteront généralement moins cher qu'un professeur titulaire. Si le métier leur correspond, ces mêmes remplaçants tenteront logiquement de passer le "graal", c'est à dire le CAPES, celui qui donne droit à une titularisation dans l'enseignement public (CAPLP pour la titularisation dans le professionnel).

    Le "prof" doit passer deux épreuves . D'abord, l'écrit, qui relève d'un examen dans un domaine spécifique dans sa matière. Puis, un oral, s'il a été reconnu assez bon à l'écrit. Exemple d'un doctorant, spécialisé dans les probabilités. Il réussit l'écrit. Place à l'oral. Étonnant, il obtient une note proche de 0/20. Son sujet ? les probabilités...

    Certes, il n'avait peut-être pas le bagou, ni la technique, d'un professeur de 20 ans d'expérience. De là,  mettre une note qu'un professeur, lui-même, ne peut imposer à l'un des ses élèves, en cas de feuille blanche... Le jury était peut-être, ce jour-là, un peu jaloux de la compétence élevée de son candidat. Ceci n'étant qu'une supposition.

    Mais comment ne pas être surpris de voir des notes flirtant avec le 2/20, le 3/20 pour des candidats tout aussi compétents dans leur discipline ? Ces notes n'ont rien de rares, elles sont fréquentes.  L'une des raisons supposées : abattre le moral des candidats dans leur demande de titularisation. En effet, ces mêmes candidats sont acceptés sans aucun problème, pendant plusieurs années, en tant que remplaçants, non-titulaires. Coûtant moins cher (avoisinant le SMIC), pourquoi chercher à les titulariser ? De toute manière, ils ne trouveront probablement pas d'autres emplois en dehors de l'éducation nationale. C'est tout "bénef" pour l'État.

    En revanche, si on cherche à comprendre la raison, de la crise de vocation de ces professeurs, il y a, là, un signe patent (tout comme l'envoi de jeunes professeurs, tout juste titularisés, dans des zones sensibles, délaissées par l'Éducation nationale.). Évidemment, cela ne peut avoir qu'une répercussion négative sur l'éducation de nos futurs citoyens. Si les jeunes professeurs ne sont pas émancipés dans leur travail, comment peuvent-il instruire sereinement les élèves ?

     

    Le professeur n'est plus soutenu politiquement

    Le monde de l'enseignement est, dans l'histoire, plutôt orienté à gauche.1 Ils ont en majorité voté pour François Hollande en 2012, certainement attirés par le discours de campagne du Bourget. Néanmoins, depuis le début du quinquennat, le gouvernement socialiste n'est pas tendre avec cette profession. Il y a bien eu des effets d'annonce, par exemple, celui du recrutement de professeurs. Un écran de fumée pour ainsi duper l'enseignant, sur l'attache du gouvernement à l'éducation nationale. Certains lycées et collèges manquent toujours de professeurs titulaires... laissant le poste vide ou rempli par un remplaçant en CDD. Les attaques verbales et les réforme(tte)s de Vincent Peillon puis de Najat Vallaud-Belkacem n'ont, d'ailleurs, pas trompé les enseignants. Leurs manifestations et leur colère peu relayées par les médias, donc peu écoutées par le gouvernement, ont démontré que ce dernier s'accommode très bien de cette perte électorale.  En effet, comment les professeurs ne peuvent-ils pas s'offusquer du discours du ministre de l'économie Emmanuel Macron ? Ce dernier remettant en cause, comme sous le quinquennat précédent de Nicolas Sarkozy, le rythme de travail.2

    Comment ne peuvent-ils pas se sentir attaqués quand ils entendent le discours de Florence Robine, présidente de la DGESCO (Direction Générale de l'enseignement scolaire), placée par Benoit Hamon (ex-ministre de l'éducation nationale), sur l'inutilité et le manque de courage des professeurs en collège ? Un exemple, Florence Robine a osé déclarer le 30 septembre 2015 à l'occasion d'une présentation de la réforme du collège : "Il faut être capable de mettre des élèves en autonomie sans le professeur. Oui c'est possible. On n'a pas forcément besoin d'un enseignant pour apprendre (...)Les élèves, dans certains cas, apprennent mieux en se parlant les uns les autres qu'en écoutant le professeur (sic)." Lunaire venant d'une ex-rectrice d'académie...  <o:p></o:p>

    Comment les professeurs ne peuvent-il pas être choqués quand ils voient l'École torpillée pour la création d'une "École branchouille" (la réforme des collèges 2016 supprime des heures de français, maths et histoire pour créer des disciplines hybrides) ?

    Comment les professeurs ne peuvent-il pas être résignés lorsqu'on leur plaque un salaire, ridiculement bas par rapport à ses voisins occidentaux, dont l'éternel modèle allemand ?3<o:p></o:p>

    L'argument "sarkozyste", "macroniste" et de la cour des comptes étant de considérer qu'ils ne font que 18H par semaine pour un temps plein... Pas assez. Connaissent-ils le travail en dehors des cours y compris le week-end (temps de préparation de chaque heure de cours, correction de copies) ? Savent-ils que les rencontres régulières avec un parent se font généralement en dehors des heures de travail (on peut imaginer le temps d'heures supplémentaires non payées pour un professeur qui a 30 élèves et 3 classes) ? Selon une étude de 2013, un professeur travaillerait réellement, en moyenne, 41 heures par semaine.4 Oui, nul doute, certains enseignants (comme dans chaque profession) ne sont pas tous aussi sérieux. De là, en faire une généralité... Ceci étant, cela reste imaginable, si la République poursuit son travail de sape sur la motivation et l'ambition des "profs"...

    Enfin, comment les professeurs ne peuvent-il pas s'offusquer lorsqu'on leur met une logique de rentabilité sur leur dos ? <o:p></o:p>

     

    L'école coûte cher et ne gagne pas assez

     

    La logique de rentabilité devrait être bannie d'une action liée à l'Éducation nationale. Cet objectif se remarque plus profondément dans les établissements privés sous contrat avec l'État et dans les zones dites "sensibles". Dans certains établissements, le proviseur sape même l'autorité du professeur dans ce but.

    Éduquer correctement l'élève et suivre un programme n'est même plus l'objectif prioritaire. Ainsi, l'une des consignes : ne jamais exclure un élève même si celui-ci perturbe régulièrement la classe. Exclure un élève, c'est un risque financier pour l'établissement. Ce dernier a besoin de l'argent des parents pour son budget. De fait, le professeur n'a aucun moyen de sévir et de se faire respecter. La colle, tout au plus, comme moyen de sanction. Toutefois, un élève ne venant pas en colle, ne sera, évidemment, dans cette logique, pas exclu. Les exemples les plus tordus ont été remarqués5 : celui de l'élève exclu (malgré tout) pour faute grave mais réintégré l'année suivante dans le même établissement ; l'élève responsable d'une agression mais non exclu. Dans ce dernier cas, un proviseur tentera d'étouffer l'affaire. Les exclusions doivent être ainsi rares. L'argent primant ?

    Concernant les notes : là aussi les "profs" n'ont pas beaucoup de choix et le système pernicieux conduit naturellement au rabais du niveau d'éducation. Si on prend le cas des lycées professionnels privés : ceux-ci tentent d'attirer des élèves, tels des clients à travers les pourcentages de réussite. Les diplômes professionnels se font par un système de contrôle en cours de formation. C'est au professeur, de ce même lycée, de juger la compétence de chaque élève, avant de leur faire passer l'examen. Un élève ne travaillant pas et naturellement, jamais prêt pour le contrôle, se doit évidemment de passer l'examen. Le professeur, s'il juge son élève dans un niveau insatisfaisant, ne peut sévir trop sévèrement. Pour plusieurs raisons : premièrement, il est dans la responsabilité de préparer l'élève à l'examen, même si ce dernier est nonchalant. Une mauvaise note finale place donc le professeur dans la faute professionnelle. Absurde.  Deuxièmement, certains proviseurs perçoivent mal une note basse, qui donnerait une mauvaise image de l'établissement, si elle venait à affaiblir son pourcentage de réussite.6 À noter que le professeur a besoin d'être en connivence avec la logique rentable de l'établissement, puisque c'est au proviseur de juger (très subjectivement) l'augmentation du point d'indice du professeur (et donc de sa promotion à un nouvel échelon). Là aussi absurde, puisque l'éducation ne devrait pas être guidée par la valeur marchande.

    D'autres cas ont été constatés et montrent la dégradation du statut du professeur que ce soit dans le privé ou le public (demande de bénévolat, en dehors de ses heures de cours, pour attirer de nouveaux élèves lors de journées portes ouvertes ; remplissage de ses classes à plus de 30 élèves y compris dans celles qui sont en difficultés, etc.)

     

    Chez les professeurs, les non-titulaires sont évidemment en première ligne. Ils n'ont qu'à remplir tous ces objectifs, pour conserver une chance de préserver leur poste l'année suivante... Les différents gouvernements construisent une école au rabais, en dehors de toute réalité. Un danger pour l'épanouissement personnel des élèves. L'Éducation nationale est bien malade...

     

    Jonas

     

    1. Parmi les articles évoquant cette tendance : </o:p>http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2015/07/24/01016-20150724ARTFIG00322-sondage-les-enseignants-se-detournent-de-francois-hollande.php

    2. Parmi les discours http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/citations/2015/09/20/25002-20150920ARTFIG00063-statut-des-fonctionnaires-valls-soutient-macron-jusqu-au-bout.php 

    3. Voir à ce sujet : http://www.lemonde.fr/ecole-primaire-et-secondaire/article/2014/09/09/en-france-un-professeur-est-mieux-paye-au-lycee-qu-a-l-ecole_4484274_1473688.html

    4. http://www.education.gouv.fr/cid72848/les-enseignants-du-second-degre-public-declarent-travailler-plus-de-40-heures-par-semaine-en-moyenne.html

    5. Articles de presse et témoignages dans des établissements en région parisienne. Parmi ceux-ci : http://bondyblog.liberation.fr/201302212207/des-profs-casques-excedes-et-desarmes/

    6. C'est pourquoi au sein de certains établissements les notes données par les professeurs ne sont pas définitives. Elles sont régulièrement réévaluées par les responsables de l'établissement.

     


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  • ANALYSE. Le Medef (principale organisation patronale) est en train de gagner la bataille des idées. Les syndicats sont devenus atones. La bataille médiatique autour de la grève à Air France et les divers conflits sociaux l'illustrent. Une bataille qui va plus loin que la représentation des syndicats, le système social est également martelé avec succès. Presque deux siècles après les thèses de Karl Marx, la société est ainsi d'autant plus divisée en classes dominantes/dominées.

     

    Emmanuel Valls et Pierre Gattaz

    Plusieurs facteurs ont permis l'effondrement programmé d'un système social de protections pour les classes les plus faibles. Le Parti Socialiste a évidemment favorisé ce basculement idéologique. Pourtant, l'origine du socialisme reposait justement sur la défense des plus faibles et "la révolte contre les injustices" (déclaration de principes de juin 2008). Mais le nouveau tournant libéral du PS de 2014 et la volonté de réformer le travail - sur la continuité de ce qu'avait tenté la droite libérale sous Nicolas Sarkozy - ont détruit le dialogue social et la légitimité des syndicats (situés majoritairement à gauche). Certains d'entre eux (comme la CFDT) avaient d'ailleurs appelé, publiquement (chose rare en France), à voter François Hollande en 2012, par peur de la poursuite de la politique "Sarkozyste." Dupés mais aussi naïfs, les syndicats ont donc été pris au piège par l'évolution du socialisme vers le social-libéralisme. Pis, le gouvernement a même affiché clairement son interlocuteur privilégié pour les conflits sociaux : le MEDEF (représentant le grand patronat). Les signes d'humiliation contre les syndicats sont alors devenus patents et nombreux : Manuel Valls applaudi lors de l'université du MEDEF (août 2014), le CICE (cadeau de 20 milliards d'euros fait aux entreprises sans contrepartie d'embauches), la remise en cause des 35 heures (par l'ex-ministre du travail François Rebsamen et le ministre de l'économie Emmanuel Macron), la tentative de plafonnement des indemnités prud'homales pour les entreprises licenciant sans cause réelle ni justifiée, etc.

     

    Avec certitude, le gouvernement socialiste et le siège du PS, rue de Solférino, assument ce virage. Cela passe également par des mots et des codes attribués auparavant à la Droite. Parfois de manière insidieuse dont l'objectif est, sur le long terme, d'arriver à la consolidation d'un système où règnent "l'intelligentsia" et "l'establishment". Ceux qui gouvernent, ou ont gouverné, gardent des billes dans les grandes entreprises. Ils se placent1, placent leurs collaborateurs2, et n'ont aucune raison de bousculer cet "establishment". Le jour où les élites politiques sont remplacées, elles trouveront ainsi refuge facilement.

    Exemple concret et récent du discours insidieux emprunté à la droite libérale  : l'attaque contre les fonctionnaires par Emmanuel Macron (septembre 2015). Une cible facile, puisque les fonctionnaires cristallisent les crispations dans une société en crise sociale. Le fonctionnaire, cette personne dont l'emploi est si stable. Le PS joue donc de la fracture entre le privé et le public pour remettre en cause un statut de "privilégié." Les médias sont évidemment parties prenantes de ce jeu. Il est facile de choisir cinq personnes dans la rue qui dénoncent le nombre de fonctionnaires ou de réaliser un sondage biaisé dont la question est rhétorique "trouvez-vous qu'il y a trop de fonctionnaires ?". Néanmoins, lorsque vous posez aux personnes répondant "oui," la question de : "êtes-vous donc prêts qu'il y ait moins de professeurs et soyez obligés d'envoyer votre enfant à 20 km de votre lieu de résidence dans une classe de 40 élèves ?" ou "êtes-vous donc d'accord d'attendre près de 10 heures à l'hôpital du fait de la réduction du nombre d'infirmiers/ères ?". La réponse sera là aussi toute trouvée. Mais ces dernières questions ne seront pas mises en avant car elles ne participent pas à l'objectif souhaité et voulu par une classe dominante. Tout le mécanisme est insidieux. Il ne s'agit pas d'une théorie "complotiste" mais d'une stratégie structurelle : celui d'affaiblir l'Etat pour privatiser, et laisser aux grands groupes privés la mainmise des décisions. L'une des causes de ce but : la connivence entre politique et intérêts privés.

     Instituer l'idée que l'Etat devrait revoir le statut des fonctionnaires fait ainsi son chemin. Pour éteindre l'incendie conjoncturel provoqué par Emmanuel Macron (en réalité par la volonté gouvernementale du Premier ministre, Manuel Valls ou du Président de la République, François Hollande), le Premier ministre, Manuel Valls, a indiqué que la question n'était pas à l'ordre du jour, tout en soutenant l'action de son ministre de l'économie. Une petite tape sur les doigts qui a un but concret : provoquer le débat au sein du Parti Socialiste et se positionner en tant que réformateur et "moderniste." Et cela marche. Si bien que l'idée de réformer le statut des fonctionnaires reviendra prochainement sur la table. Ne pas avoir le soutien des professeurs ? Qu'à cela ne tienne ! Le Parti Socialiste se posera comme celui qui fait bouger le mammouth de l'éducation nationale, devançant la droite libérale sur le sujet. Le tout avec le soutien logique du MEDEF et de ses penseurs. En face, les syndicats sont impuissants face à la machine infernale du "modernisme" libéral. D'Emmanuel Macron à Alain Juppé, en passant par François Bayrou ou Nicolas Sarkozy, c'est à dire ceux qui représentent les partis "modérés" pour la classe médiatique, ont exactement le même discours sur ces sujets : l'État doit être moins impliqué dans l'économie, au profit du marché ; les fonctionnaires sont des coûts insurmontables pour le pays ; le code du travail doit laisser le marché plus libre dans ses actions ; les syndicats sont des blocages aux réformes "modernistes", etc.

    Si bien qu'aujourd'hui, les "modernistes" peuvent se rapporter à la classe dominante. Oui, classe dominante à la marxiste. En effet, les rapports sociaux et la violence de la fracture sociale (idée chère de Jacques Chirac en 1995) sont tels qu'ils poussent les analyses libérales, alter- et anti-libérales à raisonner de manière marxiste. Il suffit de regarder les inégalités pour constater qu'elles s'aggravent entre les plus faibles et les plus puissants ( près de la moitié des richesses mondiales sont aujourd'hui détenues par 1% de la population.) .3 et 4 Pourtant, la participation à l'effort de la collectivité est proportionnellement plus importante pour les classes sociales les plus faibles.A mesure que le Français monte dans l'échelle des revenus, le taux effectif d'imposition diminue.6

     De fait, cette classe dominante veut conforter son assise. Cela passe par des tentatives d'influence ou un "entrisme" des groupes privés vers les "grands" partis majoritaires. Ces derniers, ne souhaitant pas s'affaiblir, évoluent dans le sens des "décideurs" économiques. Emmanuel Macron mais aussi Dominique Strauss-Kahn ou encore Pierre Moscovici sont les figures de l'évolution "moderniste" du socialisme. Conséquence : les milieux les plus faibles sont les premières victimes de ce système. Une classe d'autant plus dominée que les syndicats sont amorphes face au rouleau compresseur "moderniste." Les "petits" fonctionnaires (personnel hospitalier, professeurs, etc.) sont tout aussi impactés avec le gel des salaires, la mise en œuvre d'une "rentabilité" de leur travail, etc. Il s'agit pour les dominants de casser le système social et protecteur de l'Etat (SMIC, sécurité sociale, assurance chômage, etc.) au profit du marché, où seuls les plus forts ont leur place. Logiquement, les inégalités augmentent, les riches s'enrichissent, les pauvres s'appauvrissent... La loi de la jungle. La République Française est touchée en son cœur. 

     

    SYNTHÈSE / CONCLUSION

    Les syndicats sont dans un état lamentable. Pourquoi ? parce que le MEDEF a gagné la bataille idéologique. Pourquoi a-t-il gagné la bataille idéologique ? Parce qu'il est devenu l'interlocuteur privilégié, y compris par le gouvernement socialiste (avec l'éclosion du social-libéralisme). De Macron à Juppé en passant par Sarkozy ou Bayrou, tous remettent en cause la légitimité des syndicats. Les médias sont parties prenantes de ce constat. Pourtant, avec 7% de syndiqués, les forces sociales sont plus représentatives que les partis... Mais ça le dit-on ? non. Pourquoi ? pour ne pas rendre illégitime l'entreprise, de destruction sociale, des décideurs politiques. Cela passera par la remise en cause perpétuelle du code du travail, les reculs de l'âge légal du départ à la retraite, la suppression d'avantages sociaux, la précarisation des contrats (fin prochaine du CDI ?), le rallongement du temps de travail, etc.

     

    La défaite des syndicats face aux « modernistes » disponible également sur Agoravox.

     

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     1. Cela se voit plus nettement lorsque cela fait polémique. Exemple parmi d'autres avec la nomination de François  Brottes à RTE http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/decryptages/2015/07/23/25003-20150723ARTFIG00229-nomination-de-brottes-a-la-rte-l-astuce-du-ps-pour-s-eviter-une-legislative-partielle.php

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    2. Là aussi les exemples sont pléthores comme l'affaire Agnès Saal : http://www.lepoint.fr/societe/apres-les-exces-de-taxi-agnes-saal-recasee-au-ministere-de-la-culture-20-05-2015-1929927_23.php ou encore l'Affaire des sondages de Pierre Giacometti sous le quinquennat précédent http://www.leparisien.fr/faits-divers/sondages-de-l-elysee-sous-sarkozy-pierre-giacometti-mis-en-examen-29-09-2015-5138447.php

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    3. http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20140120trib000810501/les-85-plus-riches-du-monde-possedent-autant-que-les-35-milliards-les-plus-pauvres.html

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    4. http://www.inegalites.fr/spip.php?page=analyse&id_article=2088&id_rubrique=110&id_mot=30&id_groupe=9

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    5. http://bercy.blog.lemonde.fr/2011/01/20/les-10-de-francais-les-plus-riches-detiennent-62-du-patrimoine/

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    6. Analyses de Thomas Piketty

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