• Manifesto N°3 : La défense de l'entreprise passe par une action volontariste

    A plus d'un an de l'élection présidentielle de 2017, Jonas propose de devancer les thèmes de campagne. Proposition de quelques orientations brèves et synthétiques pour l'éclosion d'idées nouvelles. Aujourd'hui, mardi  15 mars 2016 : "Pour la défense et la reconquête de notre tissu industriel." 

    Manifesto N°3 : La défense de l'entreprise passe par une action volontariste

     

    Nombre de PME et PMI souffrent en France. Selon un rapport de la banque de France, plus de 63.000 entreprises n'étaient plus en mesure de régler leurs factures en 2015.

    Pourtant, on aurait tort de croire que c'est par une politique de facilitation des licenciements et de la précarisation des contrats (projet initial de loi El Khomri soutenu par Emmanuel Macron et par les principaux cadres du Centre et des ex-UMP, parti des "Républicains") que ces entreprises pourraient retrouver de la vitalité. Il est d'ailleurs intéressant de constater le changement de paradigme dans le langage politique. Ainsi, le langage de la tendance libérale du XXIe siècle s'inspire étrangement de celui du XIXe siècle : le salarié étant considéré non plus comme une plus-value mais comme un coût.  Or, jouer sur la baisse des coûts salariaux, pour évoquer la relance de l'industrie et de l'emploi, est une erreur de jugement qui plongera, malheureusement, la France dans une désindustrialisation croissante. Et ce pour plusieurs raisons...

     

    I) Le  MEDEF, principal interlocuteur de l'Etat et artisan des défaites des petites entreprises.  

     

    Tout d'abord, il s'agit d'une politique court-termiste. L'idéologie consistant à considérer le salarié comme simplement un coût est une perspective reprise et relancée par les actionnaires et dirigeants de grandes entreprises. L'organisation patronale du MEDEF est, à ce sujet, le plus fervent lobbyiste français. En réduisant le coût salarial, ces défenseurs pensent d'abord à la marge de rentabilité de l'entreprise et aux dividendes engrangés. Cette dernière idée semblait offusquer le monde politique et la presse française, des années 90 jusqu'au début des années 2000, lorsque de grands groupes (Danone, Michelin, Moulinex, etc.) licenciaient, malgré la hausse de bénéfices, afin de dégager des dividendes plus importants. Qui s'offusquent aujourd'hui, de voir d'autres groupes utiliser les mêmes pratiques ? Cela ne faisant plus la "une" de nos médias (Sanofi ou Total font quelques lignes tout au plus). A croire qu'il s'agit désormais d'une normalité. Il y a bien là un changement de pensée et un retournement idéologique, en partie dû à la victoire du paradigme libéral et social-libéral. D'ailleurs, si le MEDEF se souciait davantage de la ré-industrialisation de la France et des salariés, il serait monté au créneau pour contester la préservation, voire l'augmentation, des dividendes des grandes entreprises, en pleine crise de 2008 (les salariés étant considérés comme les premiers fusibles), au détriment de l'investissement. Et, que dire du CICE (cadeau fiscal estimé à 20 milliards d'euros par an, financé par l'Etat dès 2013), qui a été principalement détourné par les grands groupes : où a été l'investissement dans l'innovation, la recherche et le développement ? Où a été le million d'emplois promis sur un pin's du MEDEF ? Malheureusement, la politique, menée actuellement, est faite pour satisfaire les besoin de puissants actionnaires et industriels alors qu'elle devrait, prioritairement, être "anglée" sur les TPE/PME (qui, elles, n'ont pas les moyens de délocaliser dans les pays de l'Est pour profiter de la misère salariale et accroître les marges).

     

    II) Pour une politique volontariste, courageuse et pensée. Les PME doivent être le poumon de notre économie

     

    Qu'y a-t-il donc à faire ? En premier lieu, une politique économique devrait envisager l'avenir dans une perspective long-termiste. Extrêmement coûteuse à court-terme mais bénéfique au-delà des enjeux et mandats électoraux (> 5/6 ans). Car, si la destruction du tissu industriel s'est réalisée sur une échelle de 30/40 ans, sa revitalisation passera forcément par un investissement coûteux, pour combler les années perdues. Toutes nos politiques se sont faites en réalité, bien souvent, au détriment des artisans, agriculteurs, PME, TPE. Or, c'est bien à ces entités  que devraient s’adresser davantage nos politiques.

     Les TPE/PME sont les premières recruteuses (la majorité des salariés travaillant, selon "Alternatives économiques", dans des entreprises de moins de 50 salariés). Préserver cet élan, observé depuis les années 80, est une nécessité. Ainsi, la France doit mener une politique ambitieuse et volontariste pour ces dernières. Pour y parvenir, il s'agit d'orienter les politiques dans la recherche permanente de la relance du carnet de commandes, avec pour principales pistes :

    1) Assumer un certain protectionnisme. Se protéger, ce n'est pas forcément le repli sur soi

    La France doit défendre des secteurs stratégiques telles que les nouvelles technologies, les sociétés gastronomiques et alimentaires, etc. Cela passera par des taxations douanières et une protection de son marché. Il s’agit, pour les entreprises naissantes, de pouvoir croître et se développer suffisamment pour, ensuite, les laisser manœuvrer en autonomie sur un marché. Cette idée n’a rien d’une utopie, certains pays ont déjà expérimenté avec succès ce modèle. Toutefois, là encore, l’UE sera le rempart de cette ambition. Dernier exemple en date : l'enquête de la commission européenne visant Intermarché, coupable de favoriser les éleveurs français face aux agriculteurs des plus ou moins voisins européens. Bruxelles juge effectivement cette méthode contraire à la règle (sainte ?) de la libre concurrence au sein du territoire européen. A la France de ne pas transiger !

    2) Le contrôle de la monnaie est une obligation

    Les penseurs de l'Union Européenne et de l'Euro d'hier sont en train de remettre en cause son système (hormis les centristes qui ont toujours l'idée fédérale en tête). Il était temps ! Oui l'Euro peut être un atout. Mais uniquement s'il s'adapte aux logiques économiques des différents et pléthoriques pays qui composent sa zone (19 états membres du Portugal à la Finlande en passant par la Grèce). Il faut permettre, à chaque pays, d'ajuster sa monnaie selon des marges de manœuvre. L'Euro serait alors un panier de devises où la moyenne pondérée des différentes marges déterminerait sa valeur. En effet, il est logique, qu'en ce moment même, la monnaie soit un frein pour l'expansion de certaines économies. Comment la France, qui n'exporte pas forcément les mêmes produits que l'Allemagne, ni la même qualité de ceux-ci, pourrait être compétitive ? Comment la Grèce, qui vit principalement du tourisme pourrait-elle s'épanouir dans un système où la monnaie est dirigée par l'économie allemande ? Pour relancer les exportations et la consommation interne, la réforme de l'Euro est évidemment une nécessité.

    3) Contribuer à l’effort de recherche

    Le financement public est, actuellement, trop léger pour permettre à la France de redorer son blason. La cour des comptes évoque régulièrement le manque de rentabilité de la recherche publique. Quel manque de discernement ! La France doit fournir des moyens aux laboratoires. Effectivement, la concrétisation de cet investissement ne se distinguera pas sur le court terme, au grand dam de la cour des comptes. Nous ne devons donc pas laisser en péril les laboratoires publics. Augmenter la dotation de l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) est une priorité. L’avenir d’une économie repose, aussi, sur sa richesse en recherche et développement. La France de Pasteur ne peut se satisfaire de l’état lamentable des conditions de travail de nos chercheurs.  

    4) Développer l’industrie culturelle

    La culture est un élément essentiel du développement humain. Une lapalissade que semble avoir oublié nos élites, plus intéressées par sa rentabilisation. Permettre à toutes et à tous d’accéder à celle-ci est essentielle. Sans culture, une société se meurt. D'ailleurs, il faut adapter nos politiques avec les nouveaux besoins, créés par l’essor technologique. Le cinéma et les jeux vidéo sont des secteurs dans lesquels la France peut être l’une des leaders à l’international. De fait, il faut aider la création et l’innovation, avec un budget à la hauteur de nos ambitions. Ce coût sera profitable sur le long terme. Cette industrie étant vecteur d’emplois et donc, de futures ressources pour stimuler notre croissance.

    5) Relancer la consommation.

    Enfin, il faut se pencher sur notre marché intérieur et comprendre pourquoi les Français(es) ont plus tendance à épargner qu'à dépenser. Relancer la consommation est une vieille idée "keynésianiste." Il faut lui redonner du sens.

    Pas de manière irréfléchie, en augmentant le SMIC qui entraînerait, par voie de conséquence, une hausse des prix (à l'heure de la globalisation, le marché s'adapte très vite). Mais, il s'agirait de rassurer le citoyen sur sa situation financière et la protection de son statut. Les statistiques sont claires : lorsque l'individu est en confiance, l'individu consomme davantage (voir, entre autres, les études de l'INSEE).  Ainsi, l'Etat doit offrir, aux TPE/PME, des aides pour l'embauche en CDI, ou faciliter le passage d'un salarié en CDD/CDDU/intérim en CDI. La stabilité d'une situation salariale est bénéfique pour une entreprise. Contrairement aux préjugés, la productivité augmente avec le niveau de sérénité. Les financiers ne pourront que confirmer le fonctionnement (et la bonne santé) d'un marché se fiant au niveau de sérénité/stabilité d'une entreprise, pays, etc.  


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