• Jacobins cherchent candidat

    "La France est-elle finie ?", voilà ce que pourrait dire aujourd’hui un jacobin : un citoyen qui voit la France perdre de sa souveraineté vis-à-vis de l’Europe. "La France est-elle finie ?", c’est justement le titre du dernier ouvrage d’un gaulliste de gauche Jean-Pierre Chevènement. Mais qui peut réellement représenter les valeurs - peut-être archaïques - d’une France souveraine, indépendante, puissante, possédant un Etat fort ?

     

    Chevènement ? Lui même n'a pas l'air d'y croire. Eric Zemmour ? journaliste au Figaro, ses affiliations avec ces idées ne semblent pas le guider vers une carrière politique. Dupont-Aignan ? président du mouvement Debout la République, il est encore méconnu par un grand nombre de citoyens. De Villepin ? son approbation vis-à-vis de la ratification du traité de Lisbonne (malgré le non du peuple français en 2005) et son engagement pour la libéralisation des services publics semblent l'éloigner du giron jacobiniste et gaulliste. L'UMP ? Nicolas Sarkozy a depuis bien longtemps oublié les remèdes gaullistes. Le PS ? Strauss-Kahn au FMI a certainement la vision économique la plus libérale de toute notre classe politique. Quant à Arnaud Montebourg, son récent hommage à Jacques Chirac et sa position contre l'actuelle construction européenne témoignent d'un certain courage de sa part. Néanmoins, le député bourguignon défend une vision parlémentariste de la politique française, contraire à l'idéal gaulliste.

    Lorsque Jean-Pierre Chevènement créa le pôle républicain pour l'élection présidentielle de 2002, il subit un échec qui le marquera jusqu'à aujourd'hui. Considéré alors comme le troisième homme dans les sondages, il réussit à représenter un électorat venu de tous les horizons grâce à la reprise de théories gaullistes, sur les valeurs de la nation, d'un Etat central fort, etc. Mais problème, Jean-Pierre Chevènement ne réalise que 5.3% au premier tour. : bien loin du chiffre escompté. Certains analystes ont d'ailleurs tort d'analyser l'échec de la gauche (puisque le second tour est un duel entre J.Chirac et J.M. Le Pen) et de Lionel Jospin (qui fut, lui, réellement le troisième homme de l'élection) sur la présence de la candidature Chevènement (ancien membre du PS et du gouvernement Jospin entre 1997 et 2000). Une vision bien trop simpliste quand on étudie l'électorat de J-P. Chevènement : des citoyens qui auraient certainement voté blanc, à droite voire ne pas être allé voter lors de l'élection de 2002, si le Pôle républicain n'existait pas. Rappelons que J.P.Chevènement avait d'ailleurs été soutenu par Max Gallo (qui a depuis défendu la candidature de Nicolas Sarkozy), par J-F Kahn (journaliste qui a, depuis, fait campagne pour le Modem) ou encore par la mystérieuse ligue de l'Action Française. Bref, la cuisante défaite personnelle de J-P. Chevènement en 2002 tient plus à son surprenant score dérisoire (à la vue de son électorat aux tendances très larges) qu'à l'échec de la gauche. Aussi, le pôle républicain ne se relèvera jamais de cette élection.

    Et c'est peut-être pourquoi aujourd'hui, toujours traumatisé par 2002, J-P. Chevènement hésite encore à se prononcer s'il se lancera oui ou non à une campagne présidentielle. Alors oui ! J.P. Chevènement affirme, sur le plateau de "On n'est pas couché" (diffusé le samedi 15 janvier 2011) qu'il se présentera par devoir si aucun candidat "républicain" n'était en lice pour 2012. Oui mais voilà, bémol : en 2007, J-P. Chevènement avait soutenu une candidate (Mme Royal) assez éloignée de ses positions sur l'Europe et sur l'économie. (reprises dans son dernier ouvrage "la France est-elle finie ?" et sur "La faute à Monnet") Pourquoi à cette époque ne pas être allé au bout de sa propre campagne présidentielle ? Nul doute que le sénateur de Belfort ne veuille pas reproduire l'expérience de 2002. En outre, il semble qu'aujourd'hui, J-P. Chevènement nourrit une rancoeur avec le PS, pour avoir abandonné quelques accords passés lors des élections régionales. Alors quel candidat peut mieux répondre à ses attentes et à celles de son électoral de 2002 ? Il l'indique à demi-mot sur Rue 89, le 17 janvier 2011 : Nicolas Dupont-Aignan. Député de l'Essonne, Nicolas Dupont-Aignan se fait de plus en plus présent sur la scène politique. Ne reniant pas ses origines à droite (ancien partisan UMP), il a toujours été le plus grand opposant à Nicolas Sarkozy au sein même du parti. Il quitte l'UMP et fait scission pour créer un mouvement de rassemblement gaulliste : Debout la République (DLR). Avec un physique premier de la classe, il troque ses lunettes pour des lentilles, pour une touche plus "Djeun's." En fait, hormis l'âge des deux représentants gaullistes on ne voit pas de réelles différences dans l'électorat de DLR et celui du pôle républicain. On peut même parler de transfert de témoin : certains chevènementistes, présents au sein d'un micro-parti (le MRC), ont lâché leur maître à pensée pour se rallier à DLR et Nicolas Dupont-Aignan. En fait, à regarder de plus près les programmes de J-P. Chevènement et de Nicolas Dupont-Aignan, on voit une différence et peut-être de trop grande taille pour J-P. Chevènement : l'Euro. Pourtant les deux hommes politiques font à peu près le même constat sur la monnaie unique, celle d'un échec très lourd (L'euro est d'ailleurs tellement au centre des critiques que la chancelière allemande Angela Merkel a exclu, le jeudi 19 janvier, un retour du Deutsche Mark). N. Dupont-Aignan n'envisage pas d'avenir avec la monnaie unique, et souhaite un retour au franc (tout comme le Front national). J-P. Chevènement, quant à lui, veut réorienter la politique de la Banque Centrale et, à fortiori, conserver l'Euro. Une petite différence d'opinion qui semble encore écarter l'union entre les deux jacobins. Et aux partisans de se questionner :

    Un rassemblement pourrait-il déboucher sur un "Super pôle républicain" représentant plus de 15% de l'électorat français ?


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