• Avec l'affaire DSK, "le sexgate" français, Les journalistes anglo-saxon accusent le mutisme des journalistes français face aux précédents dossiers DSK. Mais le journaliste français a-t-il forcément tort ? le journaliste français n'est-il pas en train de prendre exemple sur le modèle anglo-saxon ? Quelques éléments de réponse.

    Elle fait la une de nos quotidiens et de nos JT et cela va durer encore plusieurs semaines : l'affaire DSK. Pourtant chaque jour, les mêmes infos retombent et les articles se répètent. Deux cultures s'opposent : l'actualité DSK vue par les Américains, et l'actualité comme elle devrait être vue en France. Tout d'abord, brièvement, petit rappel historique. Aux Etats-Unis, la presse est considérée comme un 7ème pouvoir. Le journaliste se voit davantage un rôle social qu'en France et c'est directement lié à la philosophie des Lumières du XVIIIe siècle. Cette mission sociale est même inscrite dans la Constitution : « Le Congrès ne fera aucune loi [...] qui restreigne la liberté de la parole ou de la presse. » Aux Etats-Unis, tout peut être montré, dit et même se faire partisan d'une cause (exemple de la FOX aux Etats-Unis, proche des Conservateurs et explicitement favorable à la guerre en Afghanistan et en Irak). Egalement, la frontière entre l'activité publique et la sphère privée, d'un homme politique par exemple, est même totalement effacée. Une vision qui fait l'apologie du sensationnalisme.

    A contrario, en France, la liberté de la presse a toujours connu des limites que les anglo-saxons, aujourd'hui, sont en train de critiquer. En effet, des limites sont imposées aux médias avec entre autres, la protection de la vie privée. La loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881 est l'un des textes fondateurs pour la France. Des délits de presse sont instaurés. Ainsi, on ne peut pas tout dire, ni tout montrer. Ce petit rappel montre à quel point la distance entre la presse française et américaine devrait être grande. Pourtant, l'affaire DSK témoigne des limites des deux conceptions.

    En France, les médias ont relayé les images américaines de Dominique Strauss-Kahn, menotté, à sa sortie du commissariat puis de sa comparution devant un tribunal pénal. Ceci est un fait unique en France. Dominique Strauss-Kahn bénéficie de la présomption d'innocence et la diffusion de ces extraits est condamnable puisqu'elle porte atteinte à la personne. La presse française se met même à traquer la moindre photo, la moindre info sur l'identité et sur la vie de la plaignante, la femme de chambre. Ici, le sensationnel l'emporte sur la dignité de l'information. Les pincettes n'existent même plus.

     Avant cette entrave à la tradition française, la presse évitait de rapporter la vie privée même excentrique d'un homme politique (sauf si celui-ci l'accepte). La loi du 17 juillet 1970 a introduit dans le code civil une disposition selon laquelle " chacun a droit au respect de sa vie privée ", la presse française s'efforce donc de respecter la frontière entre vie privée et vie publique. Une morale que les anglo-saxons remettent en cause. Pour eux, les escapades amoureuses, la vie sexuelle frivole de DSK auraient mérité d'être vu du public. C'est l'inquisition pour la transparence ! La presse française préfère considéré cela comme du voyeurisme, comme une atteinte à la vie privée : Chacun ayant droit dans sa vie privée d'avoir la vie sexuelle qu'il souhaite, dans les limites de la loi. Avant l'entorse à la règle journalistique française, DSK était donc "protégé" par les médias. Pourtant les médias français se sont détournés de cet entendement.

    A chaque jour, son lot de retransmission d'images d'un homme abattu et presque déjà condamné par la morale bien-pensanteLa presse française s'est engouffrée dans le sensationnalisme et le CSA se garde bien de donner des sanctions.


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  • Après 2002... 2012 ?  Ce mardi, Jean-Pierre Chevènement a annoncé la couleur au micro d'Europe 1 : "Je serai le candidat pour faire bouger les lignes." Une candidature qui fait secrètement peur au PS.

    Un Sondage secret (publié dans Le Parisien le 29 avril) mené par l'IFOP à la demande du MRC (la formation politique de J-P. Chevènement) préfigure le possible risque d'un retour au 21 avril 2002. Ainsi à la question : "Quelle est la probabilité que vous votiez pour Jean-Pierre Chevènement s’il était candidat ? » 16 % répondent favorablement (dont 21 % des sympathisants de gauche)."

    Le PS ne dit rien, ne bouge pas... en façade uniquement. Car Martine Aubry, la première secrétaire du Parti Socialiste, a déjà rencontré le sénateur du Territoire de Belfort. Mais Jean-Pierre Chevènement n'est plus aussi docile dans les négociations. En 2006, l'ancien ministre avait déjà laissé plané le doute sur une éventuelle candidature pour 2007. Avant finalement de pactiser avec Ségolène Royal et assurer, ainsi, des postes ministériels et des arrangements électoraux pour les législatives et les sénatoriales.  

    Mais déçu par les différents projets PS, notamment sur la position européenne, J-P Chevènement a envie de jouer un plus grand rôle dans le débat.  Et pourquoi pas ramener le PS un peu plus sur sa gauche... A l'heure où Dominique Strauss-Kahn semble (avec François Hollande) être le candidat le mieux placé pour le Parti Socialiste.  

    Le président d'honneur du MRC met la pression sur le PS. Alors peut-il retenter 2002, une candidature solo, sans le fiasco du résultat (JP. Chevènement avait recueilli 5.5% des voix alors qu'il était considéré comme l'un des possibles 3e homme de l'élection présidentielle) ?

    Sa position prônant le Gaullisme social rassemble le large échiquier de la vie politique française. De cette inspiration, il dénonce l'Europe telle qu'elle est aujourd'hui avec sa monnaie unique dont le niveau est surévalué. Il défend l'Europe des peuples, critique le logiciel néolibéral que le PS a accepté, etc.

    Mais Jean-Pierre Chevènement est-il crédible ? Trois doutes :

    - Tout d'abord, il a déjà fraternisé pour l'élection présidentielle de 2007 avec Ségolène Royal  qui, contrairement à ses positions, soutenait le traité constitutionnel  européen.

    - Les Gaullistes, qui étaient une grande partie de son électorat en 2002, ont depuis trouvé d'autres soutiens et notamment le mouvement créé par Nicolas Dupont-Aignan, Debout la République.

    - Enfin si Jean-Pierre Chevènement veut de nouveau être crédible, pourquoi négocier avec le Parti Socialiste ? Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre sous le gouvernement  Jospin, s'est toujours défendu d'être le coupable idéal de la chute de la gauche en 2002. Les partisans de Lionel Jospin et certains socialistes dénoncent encore amèrement la candidature de Jean-Pierre Chevènement en 2002 : il aurait fait perdre le nombre de voix nécessaire pour le maintien de Lionel Jospin au second tour. Evidemment, l'électorat de Jean-Pierre Chevènement en 2002 était loin d'être celui de Lionel Jospin en témoigne ses quelques soutiens tels que le souverainiste William Abitbol, l'historien devenu par la suite sarkozyste, Max Gallo, etc.

    Selon l'histoire du personnage politique , la légitimité de sa candidature passerait certainement plus sur la création d'un nouveau pôle républicain, avec une alliance avec les gaullistes de Nicolas Dupont-Aignan, plutôt que la tentative politicienne d'un nouvel accord électoral avec le PS.


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