• La presse ne fait que d’en parler depuis l’investiture de Marine Le Pen à la tête du FN : elle pourrait jouer les trouble-fêtes lors du premier tour des élections présidentielles de 2012. Le CSA prévoit même des intentions de vote de 17 à 20% selon des sondages récents ! On commence à reparler d’un nouveau 21 avril 2002. Et si, au contraire, les sondages et les bien-pensant se trompaient ...

    C'est une date historique pour le Front National : le 21 avril 2002, pour la première fois de son histoire, le parti s'était hissé au second tour d'une élection présidentielle. En 2007, la crainte était encore là pour  les partis modérés... Même si deux facteurs ont permis de désengorger le potentiel frontiste. D'une part, le phénomène Ségolène Royal  :  non pas parce que la candidate socialiste était à l'époque porte-parole d'un programme béton, mais parce qu'elle incarnait, selon l'intelligentsia, un changement soi-disant important dans la politique moderne, avec l'apparition d'une femme comme possible chef d'Etat. D'autre part, la "rupture" chère à Nicolas Sarkozy . La masse s'était prise au jeu de la lutte entre deux séducteurs et Jean-Marie Le Pen n'incarnait plus la surprise (comme en 2002), l'invité de dernière minute, perdant même sa légitimité sur les questions sécuritaires. L'enjeu de 2012 se fera sur trois tableaux : la sécurité évidemment puisque c'est la principale inquiétude du peuple, le pouvoir d'achat et indirectement l'Europe (critiques constantes contre la politique monétaire de la Banque Centrale, une mésentente incessante entre les Etats de l'Union asphyxiés par la concurrence des Etats-Unis et de la Chine, etc.).

    Alors pourquoi Marine Le Pen ne peut-être présente au second tour en 2012 ?

     Ce n'est pas faute d'être médiatisée. Ce n'est pas faute d'incarner une position féminine élégante. Ce n'est pas faute de représenter une position anti-européenne, largement en vogue actuellement. Enfin, ce n'est pas faute d'être l'incarnation du regain du FN (avec 18.31% au Nord-Pas-de-Calais, lors des élections régionales de 2010). Une Marine Le Pen aussi largement victorieuse grâce à la base militante lors de l'élection pour la présidence du parti (67.55%%). Mais plusieurs obstacles semblent encore sur la route de la nouvelle leader du FN. Tout d'abord, Marine Le Pen ne sera pas la candidate de toute l'extrême droite qu'elle tente d'ailleurs d'adoucir. Un Front National qui semble se fracturer de l'intérieur avec la ligne dure... Celle qui était incarnée, par la presse, comme Minute ou Rivarol,  et par Bruno Gollnisch, l'éternel numéro 2 du parti.

    Et sur le pouvoir d'achat, le Front National ne semble pas peser sur le débat.

    La candidate du Front National se centrera donc sur ses deux thèmes phares : la sécurité et l'Europe.

    Sur la sécurité, Marine Le Pen jouera des coudes avec Nicolas Sarkozy pour représenter une droite dure.  Mais N.Sarkozy a l'avantage d'avoir les tableaux de B.Hortefeux (l'homme sécurité du président). En amenant sur le plateau du 20H de TF1 ce 20 janvier, un joli tableau montrant l'inexorable baisse de la délinquance, Brice Hortefeux a démontré par a+b les bonnes actions du gouvernement contre la délinquance. Des chiffres qui sont peu contestés par l'ensemble de la classe politique et pourtant... Les agressions sur les personnes (c'est à dire la délinquance qui inquiète majoritairement le peuple) ont encore augmenté 2% en 2010. Et, en cas de candidature de Dominique de Villepin, Marine Le Pen aura également du mal face à l'ancien premier ministre, très populaire parmi les chiraquiens.

    La gauche semble quant à elle toujours absente de ce débat...

    Sur l'Europe :

    La population peut là suivre sur son registre. Encore que la gauche devra montrer (enfin) ses crocs.  Si le candidat du Parti socialiste se nomme Martine Aubry, François Hollande ou D. Strauss-Kahn, la thématique de la protection de l'Etat sera alors ouverte pour la leader frontiste. Elle devra simplement lutter contre les nonistes de 2005 ( qui ont voté contre le traité constitutionnel européen).  Il n'est pas certain que son argumentation protectionniste séduise les français face au charisme d'autres leaders comme O.Besancenot, J-L Mélenchon, etc. Marine Le Pen n'a pas l'éloquence de son père, même si elle garde la brutalité des tirades.

    Enfin, malgré une amélioration de ses résultats lors des régionales de 2010, le score du FN est depuis plusieurs élections bien en dessous de ses espérances : seulement 4.3% lors législatives en 2007, 6.3% lors des Européennes de 2009 et 11.4 % lors des régionales de 2010.

    Les Français ne sont plus dans le contexte de 2002. Le 21 avril 2002 était un cataclysme politique, la population a voulu mettre les hommes politiques face à leurs responsabilités... Sans plus. Au deuxième tour, Jean-Marie Le Pen s'est d'ailleurs fait laminé avec seulement 17.79% des voix face à Jacques Chirac. Et puis, les Français ont conscience qu'un Front National présent au second tour fera forcément le jeu d'un des deux grands partis politiques grâce au rassemblement républicain (l'UMP soutiendra le PS ou vice-versa). Depuis 2002, la situation de la société française ne s'est pas améliorée, alors pourquoi réédité cette situation en 2012 ?

    Conclusion : malgré l'exaltation des sondeurs avec leurs chiffres, Marine Le Pen ne sera pas présente au second tour de l'élection présidentielle de 2012.

     


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  • "La France est-elle finie ?", voilà ce que pourrait dire aujourd’hui un jacobin : un citoyen qui voit la France perdre de sa souveraineté vis-à-vis de l’Europe. "La France est-elle finie ?", c’est justement le titre du dernier ouvrage d’un gaulliste de gauche Jean-Pierre Chevènement. Mais qui peut réellement représenter les valeurs - peut-être archaïques - d’une France souveraine, indépendante, puissante, possédant un Etat fort ?

     

    Chevènement ? Lui même n'a pas l'air d'y croire. Eric Zemmour ? journaliste au Figaro, ses affiliations avec ces idées ne semblent pas le guider vers une carrière politique. Dupont-Aignan ? président du mouvement Debout la République, il est encore méconnu par un grand nombre de citoyens. De Villepin ? son approbation vis-à-vis de la ratification du traité de Lisbonne (malgré le non du peuple français en 2005) et son engagement pour la libéralisation des services publics semblent l'éloigner du giron jacobiniste et gaulliste. L'UMP ? Nicolas Sarkozy a depuis bien longtemps oublié les remèdes gaullistes. Le PS ? Strauss-Kahn au FMI a certainement la vision économique la plus libérale de toute notre classe politique. Quant à Arnaud Montebourg, son récent hommage à Jacques Chirac et sa position contre l'actuelle construction européenne témoignent d'un certain courage de sa part. Néanmoins, le député bourguignon défend une vision parlémentariste de la politique française, contraire à l'idéal gaulliste.

    Lorsque Jean-Pierre Chevènement créa le pôle républicain pour l'élection présidentielle de 2002, il subit un échec qui le marquera jusqu'à aujourd'hui. Considéré alors comme le troisième homme dans les sondages, il réussit à représenter un électorat venu de tous les horizons grâce à la reprise de théories gaullistes, sur les valeurs de la nation, d'un Etat central fort, etc. Mais problème, Jean-Pierre Chevènement ne réalise que 5.3% au premier tour. : bien loin du chiffre escompté. Certains analystes ont d'ailleurs tort d'analyser l'échec de la gauche (puisque le second tour est un duel entre J.Chirac et J.M. Le Pen) et de Lionel Jospin (qui fut, lui, réellement le troisième homme de l'élection) sur la présence de la candidature Chevènement (ancien membre du PS et du gouvernement Jospin entre 1997 et 2000). Une vision bien trop simpliste quand on étudie l'électorat de J-P. Chevènement : des citoyens qui auraient certainement voté blanc, à droite voire ne pas être allé voter lors de l'élection de 2002, si le Pôle républicain n'existait pas. Rappelons que J.P.Chevènement avait d'ailleurs été soutenu par Max Gallo (qui a depuis défendu la candidature de Nicolas Sarkozy), par J-F Kahn (journaliste qui a, depuis, fait campagne pour le Modem) ou encore par la mystérieuse ligue de l'Action Française. Bref, la cuisante défaite personnelle de J-P. Chevènement en 2002 tient plus à son surprenant score dérisoire (à la vue de son électorat aux tendances très larges) qu'à l'échec de la gauche. Aussi, le pôle républicain ne se relèvera jamais de cette élection.

    Et c'est peut-être pourquoi aujourd'hui, toujours traumatisé par 2002, J-P. Chevènement hésite encore à se prononcer s'il se lancera oui ou non à une campagne présidentielle. Alors oui ! J.P. Chevènement affirme, sur le plateau de "On n'est pas couché" (diffusé le samedi 15 janvier 2011) qu'il se présentera par devoir si aucun candidat "républicain" n'était en lice pour 2012. Oui mais voilà, bémol : en 2007, J-P. Chevènement avait soutenu une candidate (Mme Royal) assez éloignée de ses positions sur l'Europe et sur l'économie. (reprises dans son dernier ouvrage "la France est-elle finie ?" et sur "La faute à Monnet") Pourquoi à cette époque ne pas être allé au bout de sa propre campagne présidentielle ? Nul doute que le sénateur de Belfort ne veuille pas reproduire l'expérience de 2002. En outre, il semble qu'aujourd'hui, J-P. Chevènement nourrit une rancoeur avec le PS, pour avoir abandonné quelques accords passés lors des élections régionales. Alors quel candidat peut mieux répondre à ses attentes et à celles de son électoral de 2002 ? Il l'indique à demi-mot sur Rue 89, le 17 janvier 2011 : Nicolas Dupont-Aignan. Député de l'Essonne, Nicolas Dupont-Aignan se fait de plus en plus présent sur la scène politique. Ne reniant pas ses origines à droite (ancien partisan UMP), il a toujours été le plus grand opposant à Nicolas Sarkozy au sein même du parti. Il quitte l'UMP et fait scission pour créer un mouvement de rassemblement gaulliste : Debout la République (DLR). Avec un physique premier de la classe, il troque ses lunettes pour des lentilles, pour une touche plus "Djeun's." En fait, hormis l'âge des deux représentants gaullistes on ne voit pas de réelles différences dans l'électorat de DLR et celui du pôle républicain. On peut même parler de transfert de témoin : certains chevènementistes, présents au sein d'un micro-parti (le MRC), ont lâché leur maître à pensée pour se rallier à DLR et Nicolas Dupont-Aignan. En fait, à regarder de plus près les programmes de J-P. Chevènement et de Nicolas Dupont-Aignan, on voit une différence et peut-être de trop grande taille pour J-P. Chevènement : l'Euro. Pourtant les deux hommes politiques font à peu près le même constat sur la monnaie unique, celle d'un échec très lourd (L'euro est d'ailleurs tellement au centre des critiques que la chancelière allemande Angela Merkel a exclu, le jeudi 19 janvier, un retour du Deutsche Mark). N. Dupont-Aignan n'envisage pas d'avenir avec la monnaie unique, et souhaite un retour au franc (tout comme le Front national). J-P. Chevènement, quant à lui, veut réorienter la politique de la Banque Centrale et, à fortiori, conserver l'Euro. Une petite différence d'opinion qui semble encore écarter l'union entre les deux jacobins. Et aux partisans de se questionner :

    Un rassemblement pourrait-il déboucher sur un "Super pôle républicain" représentant plus de 15% de l'électorat français ?


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